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Le français du Québec et le français de France ont la même source : la langue de la région parisienne.
Mais les ancêtres des Québécois, arrivés en Nouvelle-France aux 17e et 18e siècles, ne venaient pas
tous de Paris. Et à cette époque, seuls les Parisiens parlaient
le français au quotidien et seulement un tiers environ des habitants de France parti
en Amérique avait le français comme langue maternelle.
Les autres parlaient des langues d'oïl, de la même famille que le
français, en vigueur à l'époque dans ces régions de la France : le
gallo en Bretagne de l'ouest, le poitevin en Poitou, le normand,
l'orléanais, le Picard dans le nord.
Ce ne sont
pas des dialectes ou variantes du français mais des langues à part.
Exemple de phrase en gallo : "V'alétz vantiers viendr a nóz veir adseir
!" (source : wikipedia). Avec un peu d'imagination on devine un peu,
mais sans plus.
Les ancêtres des Québécois venaient essentiellement d'un grand quart
nord ouest de la France, là où l'on parlait les langues d'oïl, qui, je
le rappelle, se ressemblent, avec un certain degré d'intercompréhension
: appréciable entre le normand, le français et l'Orléanais, plus
délicat avec le Poitevin, presque impossible avec le Picard.
Les colons arrivés en Nouvelle France ont du se trouver une langue
commune pour communiquer car les populations étaient isolées et, dans
un même lieu pouvaient se trouver des Normands, des Bretons, des
Picards, des Parisiens.... Pour les raisons évoquées et plus et parce
que le français avait une plus grande influence, ils ont donc
logiquement choisi le français.
Cette prédominance du Français a plusieurs raisons :
1) c'est la langue du pouvoir central à Paris
2) c'est la langue du roi, du clergé, de l'armée.
3) C'est la langue de la plupart des "Filles du Roi", ces jeunes femmes envoyées aux
Amériques pour peupler la nouvelle France, car elles venaient plutôt de Paris.
Autant d'arguments pour que les habitants de la nouvelle France
abandonnent vite leur langue natale et apprennent le français.
Notons d'ailleurs que les habitants du Bas-Canada se sont mis au
français avant leurs cousins restés dans les régions de France et que
cette contrée connaît dès 1700 une uniformité linguistique que ne
connaîtra la France que 2 siècles plus tard.
La diffusion du français en Nouvelle France et celle dans la mère
patrie connaissent donc dès 1700 des parcours très différents. D'autant
plus que les "Canadiens Français" sont coupés de la France dès 1763 et
que l'influence anglaise s'installe dès cette époque.
Tout ceci semble suffisant pour expliquer que le français du Québec est
si différent du français de France, surtout au niveau de la
prononciation, et dans une moindre mesure au niveau du vocabulaire.
Cela dit les colons n'ont pour autant pas abandonné tous les mots de leur langue d'origine.
Voici quelques exemples de mots des autres langues d'oïl qui ont
influencé le français du Québec :
Voici
quelques exemples de mots qui ne viennent pas du français mais des
autres langues d'oïl :
achaler
(embêter)
bavasser
(parler pour ne rien dire)
boucane
(fumée)
broue
(écume)
brunante
(crépuscule)
drette
là (ici même)
drette
quand (au moment même où...)
garrocher
(lancer des roches)
mais
que ( dès que)
neu (neuf)
rester
(habiter)
Ces
mots viennent du normand, du gallo, du poitevin-saintongeais, et des
dialectes qui en dérivent : vendéen, charentais, etc.
Difficile
de dire si tel mot est plus normand que gallo ou poitevin. La plupart des
pages web donne "le patois de MA région" et on y trouve des
mots connus dans les patois voisins.
Voici
néanmoins une liste qui me semble plus spécifique au normand :
maganer
(abîmer)
mais
que ( dès que)
mâlard
(canard colvert) - le mot anglais mallard est issu de là.
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