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Le Bilinguisme au Canada et les langues du Québec
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Avant de
connaître le Canada je pensais que la moitié au moins des
Canadiens était bilingue anglais/français. Mais j'avais
été étonné, une fois sur place, du fait que
certains de mes collègues francophones à
l'université aient de grandes difficultés à lire
les manuels en anglais. Et parmi les régions que j'ai
visitées, j'ai vu des environnements presque exclusivement
anglais (en Ontario), et des contrées où
l'anglais est quasi absent (au Québec, dès qu'on s'éloigne
de Montréal).
Il y a donc au Canada deux communautés linguistisques qui
échangent peu et qui vivent chacune dans leur monde respectif
unilingue. Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi Montréal, Ottawa, et le Nouveau-Brunswick. On y revient un peu plus bas.
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chiffres et interprétation
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Mes informations sont un peu anciennes : selon les recensements du gouvernement, faits il y a quelques années,
autour de 17% des Canadiens pouvaient se dire bilingues. |
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Le bilinguisme Anglais/Français chez les Canadiens de langue maternelle française (LMF) |
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selon ces recensements,
ce sont surtout les Canadiens LMF, à hauteur de 40% à l'échelle
nationale et 35% à l'échelle du Québec, qui étaient
bilingues, parce que l'anglais est incontournable en Amérique du
Nord, parce que c'est la première langue internationale et parce
que les Canadiens Britanniques ont dominé le Canada, y compris
le Québec. Il y a plus de LMF bilingues F/A à
Montréal par rapport au reste du Québec.
Le bilinguisme des LMF est évidemment le plus élevé dans les petites
minorités francophones disséminées à
travers le Canada anglophone.
Le cas du Nouveau-Brunswick, province bilingue anglaise/française, est à part. Les
LMF, qui représentent un tiers des habitants de cette province, sont bilingues à hauteur de 71%, du moins toujours selon mes recherches faites sur internet il y a quelques années.
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Le bilinguisme Anglais/Français chez les Canadiens de langue maternelle anglaise
(LMA) |
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Chez les
Canadiens
LMA, ce sont évidemment ceux du Québec qui sont le plus
bilingues. Mais contrairement aux minorités francophones
dispersées ici et là dans un environnement en anglais, et qui sont
obligés de connaître cette langue, les anglophones, à Montréal, peuvent s'en sortir, non sans mal, sans savoir le français. Ce sont
essentiellement des personnes âgées qui ont toujours travaillé en
anglais car à une époque c'était possible. Mais leurs descendants, encore
dans la vie active, sont obligés de savoir le français dans le Montréal
d'aujourd'hui.
En dehors du Québec, les LMA ne s'embarrassent guère duqui ne leur est pas très utile : 8% d'entre eux
seulement sont bilingues A/F (moyenne sur le Canada anglophone).
Au Nouveau-Brunswick, les LMA savent le français à hauteur de 17%
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Le bilinguisme Anglais/Français chez les Allophones |
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Ceux-ci n'ont ni
l'anglais ni le français pour langue maternelle. Ce sont pour la
plupart des personnes qui ne sont pas nées au Canada. Les immigrants en
général arrivent au Canada avec une connaissance plus ou moins bonne de
l'anglais. Ceux qui viennent s'installer dans les environnement
anglophones n'ont plus qu'à parfaire leur anglais. Ceux qui arrivent au
Québec, c'est-à-dire à Montréal se débrouillent dans un premier temps
en anglais, mais ils finiront par apprendre le français. Ils deviennent
non simplement bilingues anglais/français mais aussi trilingues (en
comptant leur langue maternelle).
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Le Canada est donc
faits en grande partie de milieux unilingues avec quelques exceptions
déjà citées ci-dessus : la région de
Montréal, le Nouveau-Brunswick, et les poches de
LMF dans les régions anglophones. A ces régions s'ajoute
l'agglomération d'Ottawa, la capitale du Canada, située
à cheval sur l'Ontario et le Québec, où les
employés des instances fédérales sont bien
entendus très souvent bilingues.
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La composition linguistique du Québec
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Langues maternelles des
Québécois
- Français : autour de 80% (taux stabilisé)
- Anglais : en dessous de 9% (taux en baisse). Ce taux était supérieur à 20% en 1950 (explication plus loin)
- langue maternelle autochtone (langues crie, iroquoise,
inuite, ...): 1% environ.
- langue maternelle autre : plus de 10% (taux en hausse)
Langues parlées au Québec
- unilingues francophones : autour de 45%
- unilingues anglophones : 3% (mais attention : la plupat sont
les immigrants qui n'ont pas encore appris le français)
- bilingues français/anglais : autour de 50%
- ceux ni ne savent (pas encore) ni le français ni l'anglais : 2%
Derrière cette réalité linguistique se cache une
réalité culturelle. Chez les LMF et les LMA, on
s'éloigne de plus en plus de l'homogéinité
culturelle des deux peuples fondateurs, Français et Britanniques.
En effet, dans les 80% de LMF, les "pure laine" cèdent petit
à petit leur place aux néo-Québécois
(d'origines française récente, d'origines italienne,
arabe, antillaise, ...). La culture franco-canadienne laisse
progressivement à une culture francophone diversifiée (le
couscous-merguez à la place des bines au lard et la musique zouk
à la place des rigodons !) Et chez les 8-9% de LMA, ça
fait longtemps que les Canadiens d'origine britannique sont en
minorité.
Le taux en chute libre de l'anglais au Québec est en
contradiction avec la place grandissante que prend l'anglais dans le
monde et avec le fait que certains anglophones peuvent se passer du
français au Québec (pour l'instant). Ce taux d'anglophone
qui n'a cessé de diminuer s'explique par plusieurs raisons
:
- l'émancipation des francophones du Québec a rendu le
Québec trop francisé au goût des Canadiens
britanniques (et qui sont parti rejoindre leurs cousins en
Ontario);-
- le déménagement vers l'Ontario des immigrants qui ont penché pour l'anglais;
- La politique du Québec qui veut que les enfants d'immigrants
allophones intègre une école en français
- La tendance par le Québec à attirer les immigrants
francophones (Français, Belges, Haïtiens, ... ) ou ceux qui
le sont déjà un peu, beaucoup ou complètement (les
ressortissants des ex colonies et protectorats français:
Marocains, Algériens, Libanais, Indochinois, ...; les
francophiles qu'on trouve parmi les Roumains, Italiens, hispanophones,
Égyptiens, ...).
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Montréal, championne mondiale du bilinguisme et du trilinguisme
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Montréal
représente un cas à part au niveau linguistique, en
contraste avec les nombreuses régions unilingues du Canada. Elle
fait partie des grandes villes cosmopolites d'Amérique du Nord
qui accueillent beaucoup d'immigrants, mais à la
différence avec New york, Chicago et Toronto, ceux-ci arrivent
dans une ville bilingue, où il est très utile, voire
nécessaire de savoir le français, et où il est
préférable de savoir l'anglais. Et donc la moitié
d'entre eux, pour des raisons économiques et pour
s'insérer dans la vie active, adopte donc les deux langues
officielles du Canada.
Si bien que les "allophones" du Québec (c'est-à-dire de
Montréal) sont pour la moitié d'entre eux trilingues.
Sans compter certains néo-Québécois LMF et LMA savent encore la langue de leurs ancêtres italiens, grecs,
arabes, etc.
Le Québec est donc un des champions du monde du trilinguisme avec plus de 5% de
personnes dans ce cas.
Sachant que ces trilingues sont presque tous à Montréal, 10% des
Montréalais sont trilingues (français/anglais + chinois, arabe,
italien, hindi, tamoul, ordou, espagnol, portugais, grec, turc, perse,
russe, polonais, allemand, etc.)
Ce bilinguisme et trilinguisme à Montréal se traduit par des situations telles que les suivantes :
A la Sunlife du Canada j'ai eu des collègues avec qui je
"switchais" du français à l'anglais, en insérant
quelques mots d'italien...
Dans l'ouest de Montréal, je réponds souvent en
français à des personnes qui s'adressent à moi en
anglais et qui comprennent parfaitement ce que je dis.
Je capte parfois des conversations entre collègues, dans la rue,
sur des chantiers, dans des commerces, où l'un des locuteurs
s'exprime en français et l'autre en anglais, de manière
très naturelle.
Ma mère a des connaissances anglophones et francophones, avec
des origines allemandes, et autres. Dans les conversations avec elles,
dans lesquelles je m'insère parfois, on utilise le
français, l'anglais et l'allemand. |
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Montréal, théâtre de querelles linguistiques
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Mais cette bonne
entente n'est pas systématique à Montréal et il y
a une sorte de guerre linguistique qui s'envenime à chaque fois
qu'une loi sur la protection du français au Canada est en cours
de discussion :
Certains Francophones invitent la personne qui s'adresse à eux
en anglais, si ce n'est pas un touriste, à aller s'installer en
Ontario aux Etats-Unis.
A cette invitation la personne anglophone se défend en disant que ici, c'est le Canada.
Certains francophones refusent de se mettre à l'anglais car cela
est pour eux un moyen de défendre la place du
français.
Certains anglophones de Montréal rechignent à apprendre
enfin le français, ce sont les nostalgiques de l'ancienne
époque de domination britannique dont je parlais plus haut.
Un épisode de dialogue de sourds des plus manifestes est la mise
en place des textes sur l'affichage au sein de la "loi 101" ("bill one
O one" en anglais) à la fin des années 80, synonyme de
proctection du français pour les uns et loi liberticide pour les
autres.
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